2018 M09 26
29 ans, 2 albums. Ça y est, on peut dire que le Jazzy Bazz est lancé ?
Le Jazzy Bazz est plus que lancé, il est déterminé. Je fonce, je ne me pose plus trop de questions. C’est vrai qu’au début de ma carrière, je n'ai pas été très productif. Ça a changé, je suis maintenant régulier. Il m'a fallu une période de découverte des « bonnes méthodes » pour assurer une certaine productivité, mais surtout pour attendre le fameux déclic, celui où je me dis que mon métier est rappeur. Maintenant, mon réel objectif est de devenir l'un des meilleurs dans mon domaine.
Tu dévoilais Rouler la nuit en 2017, et ton album est lui aussi dédié aux ambiances nocturnes. Tu es un peu le Batman du rap ?
Non, je suis le Joker. Je suis l'ennemi juré de Batman. Je vis aussi la nuit, certes, mais je mène la vie dure aux justiciers de la ville. À l'instar du Joker, je pense surtout à m'amuser, pas à sauver l’humanité (rires). Rouler la nuit aurait pu se retrouver sur le nouvel album car il a été écrit en vue de ce projet. Mais je voulais balancer un son pour mes fans, alors je l'ai choisi. Cela fait un moment que que l'univers nocturne m'a alpagué.
Nekfeu, Alpha Wann, Esso, Bonnie Banane ou encore Lonely Band posent sur ton album. Quelle est l'importance, pour toi, de rouler avec la même équipe depuis le début ?
Ça coule de source. J'ai toujours évolué au sein de collectifs, qui sont en réalité de simples bandes d'amis. J'accorde beaucoup d'importance à l'amitié. C'est important pour moi d'avoir une famille, d'être entouré de gens dignes de confiance. La durabilité de ces bandes montre que tout se passe bien. Du coup, il est normal que le public nous voie toujours ensemble. Bien sûr, ça m'empêche pas de collaborer avec des gens que je ne connais pas ou peu, comme Freddie Gibbs. Mais là, avec « Nuit », on parle d'un album intime, donc la présence de mes potes était évidente.
Le grand public t'a connu à travers les clashs. Tu penses remonter sur scène un jour pour une battle, ou tout ça c'est fini ?
Je ne me suis jamais dit « plus jamais de la vie ». Mais franchement, ce ne sera pas du tout pour tout de suite. En réalité, j'attendais un successeur à Wojtek [le champion du Rap Contenders, tournoi de battles, ndlr], un nouveau venu qui dominerait totalement, pour faire mon grand retour et montrer que les anciens sont toujours là. Ce n'est toujours pas arrivé. Je sais que beaucoup attendaient un re-match contre Wojtek, et ça a même failli se faire, jadis. Aujourd'hui, de l'eau a coulé sous les ponts et j'ai de moins en moins envie de le faire. Cette époque est révolue. En revanche, si j'arrive à me faire un nom dans le rap, là, je me verrais bien affronter un nouveau venu sur scène pour montrer que j'ose mettre en jeu tout ce que j'aurais acquis depuis l'époque où, moi-même, j'étais à sa place.
À quel point Paris influe sur ton écriture ? Quel est ton processus créatif ?
C'est simple : si je n'étais pas un mec de Paris, je verrais la vie de manière différente. J’aurais peut-être une autre mentalité, pas le même parcours. Mon écriture reflète ma vie, conditionnée par mon environnement, qui n'est autre que Paris. Si je venais d'ailleurs, la mécanique serait la même, ce serait l'écriture d'un mec d'ailleurs et ça se ressentirait. C'est pour ça que j'aime bien écouter des sons du monde entier, ça me fait voyager. Mon rap peut offrir un voyage imaginaire à Paris à un étranger comme une musique dans laquelle se reconnaître pour un Parisien. Pour créer, je prends la température de la ville, principalement de nuit. Je suis toujours aux quatre coins de Paris.
Quels sont tes plans pour la suite ?
Je prépare la tournée de l'album « Nuit », qui démarre le 17 octobre. Ensuite, je prévois de continuer à faire des clips pour ce même album et d'en assurer la promotion tout en préparant la suite. Et la suite, justement, c’est de me remettre a faire du son pour préparer le prochain album. En gros, la vie d'un rappeur, en boucle. (Rires)
« Nuit », le deuxième album de Jazzy Bazz, est à découvrir ci-dessous.