2019 M09 27
Un peu de jazz, et c'est tout. Comme avait dit Johnny Hallyday : « Nous avons tous en nous quelque chose de Jacques Chirac. » C’était en 1988, lors d'un meeting, juste avant que Jacques monte sur scène pour faire son discours. Etait-ce une manière d’amadouer les foules en se mettant dans la poche tous les fans du rockeur ou une vraie passion pour la musique ? Honnêtement, on penche sur la première hypothèse. Mais qu’à cela ne tienne.
Car, au-delà de ses clichés qui se vendent à prix d’or et de la dissolution de l’Assemblée nationale en 1997, Jacques Chirac était deux choses : un coureur de jupon et un grand amateur d’art, surtout celui des pays lointains comme le Japon. En clair : la musique n’était pas son dada. « La musique ? Hormis la trompette de cavalerie et un peu de jazz, il déteste », peut-on d'ailleurs lire dans Jacques Chirac authentique : la biographie inédite du Ve Président de la Ve République.
Musique et politique, ça rime. La musique, Jacques Chirac l’a pourtant utilisée à ses fins politiques. Il avait pour habitude de commander des 45 tours pour faire campagne. En 1977, lors de sa première élection à la Mairie de Paris, il y a eu cette chanson : Chirac Pour Paris par Michel Paje. Bis repetita en 1981 lors de sa campagne pour l’élection présidentielle. Le morceau s’intitule Jacques Chirac, Maintenant (car le changement, c’est maintenant, non ?) et a été écrit et composé par Pascal Stive. Alors, certes, il n’aimait peut-être pas la musique, mais il avait bien conscience du pouvoir de celle-ci sur les citoyens. Et donc sur les électeurs.
La musique pour tous. Cela ne l’a pas empêché d’œuvrer (un peu) pour elle. En tant que premier ministre en 1988 (Mitterand était alors président), Jacques avait mené le projet d’une loi sur les enseignements artistiques qui devait permettre à tous les enfants de France d’accéder aux grandes œuvres qui ont jalonné l’histoire des hommes, et surtout d’accéder à la pratique d’un art, en particulier de la musique instrumentale et vocale. Il a aussi fait en sorte que chaque arrondissement de la capitale se dote d’un conservatoire municipal. Pas rien.
Des popstars en veux-tu en voilà. Mais ça, c’est la partie institutionnelle. Pour le côté plus sulfureux, Chirac avait un an auparavant, en 1987, fait venir Madonna au parc de Sceaux, en banlieue parisienne, pour un concert géant. Durant le show, l’Américaine lance sa culotte dans la fosse et les rumeurs disent que Jacques l’aurait récupérée (elle serait tombée sur ses genoux). Les deux se sont ensuite rencontrés à l’hôtel de ville de Paris et, toujours selon les bruits qui courent, il y aurait eu davantage qu’un simple échange amical ce soir-là. Ah oui, il a aussi rencontré Michael Jackson lors de ses vacances aux États-Unis en 2002.
Une source d'inspiration ? Il a également inspiré plusieurs générations de musiciens et d’artistes, et pas forcément pour de bonnes raisons. Les punks-rockeurs français Parabellum ont connu leur heure de gloire avec Anarchie En Chiraquie en 1988. La même année, Mano Negra s’est lui aussi attaqué à l’ancien maire dans Ronde De Nuit sur laquelle il chante : « L'baron qui règne à la mairie / Veut que tout l'monde aille au lit sans bruit. » Contexte : c’était au moment où Chirac « nettoyait » les rues de Paris de la racaille punk de l’époque. Zebda, Sinsemilia ou encore les Wampas (Chirac En Prison), pour ne citer qu’eux, feront la même chose.
Et même sept ans après son départ de l’Élysée, en 2014, Chirac était plus que jamais une source d’inspiration pour les jeunes artistes qui redécouvraient le « swag » de Jacquo, comme Bon Entendeur. Le groupe français a mis en avant l’ancien président dans l’une de ses mixtapes thématiques. Bref, Jacques Chirac est mort, mais il vivra pour toujours en musique. La preuve avec Carjack Chiraq de Niska.