Il y a 20 ans, les White Stripes faisait trembler le rock avec « White Blood Cells »

En juin 2001, le duo Américain relègue une flopée de rockeurs (Placebo, Muse, etc.) au placard avec un troisième album qui suinte la crasse, la simplicité et le garage. 20 ans plus tard, des Black Keys aux Strypes, en passant par Jim Jarmusch, beaucoup ne s’en sont pas remis. Voici pourquoi.
  • Dans la série « Comment diable ce titre n’a-t-il jamais été un tube ? » We're Going To Be Friends reste un grand un mystère. Peut-être que ce single n’a pas assez été mis en avant (contrairement à Fell In Love With A Girl, clippé par Michel Gondry). Sans doute aussi que l’on a bien trop souvent tendance à limiter les White Stripes à Seven Nation Army. Pourtant, We’re Going To Be Friends contient au moins deux atouts majeurs : flirter pour la première fois avec le romantisme imparable d’une love-song ; raviver sans le savoir l’école Rolling Stones de la pop anglaise d’autrefois.

    Il y a en effet quelque chose de délicieusement rétro dans la musique des White Stripes, de même que dans celle des Strokes, dont le « Is This It » sort à quelques semaines d’intervalle, offrant au rock une lutte des classes dont il raffole (Beatles vs Stones, Blur vs Oasis). À chaque piste, les clins d'œil sont appuyés - à Led Zeppelin, à MC5, aux Yardbirds, à la country, etc. -, sans que cela empêche pour autant Dead Leaves And The Dirty Ground, Hotel Yorba ou I Can't Wait de sonner comme des morceaux tout droit sortis du garage de deux post-adolescents bousillés au rock'n'roll. La maîtrise, le savoir-faire mélodique et l’expérience en plus.

    Après tout, les Américains n'en sont pas à leur premier coup : en 2001, ils ont déjà publié deux albums (« The White Stripes » en 1999 et « De Stilj » en 2000), tandis que Jack White vient de piloter l'enregistrement d'une compilation dédiée à sa ville d'origine (« Sympathetic Sounds of Detroit ») et de lancer son propre label (Third Man Records). Le duo est tellement sûr de ses forces qu'il s'est permis d'enregistrer « White Blood Cells » en moins d'une semaine, à l'extérieur de Détroit. Une première, mais la stratégie s'avère payante : ce troisième long-format est le premier album des White Stripes à franchir la barre du million d'albums vendus.

    La formule proposée sur ce « White Blood Cells », réédité cette année, est pourtant très simple : des guitares électriques qui crissent, un son amplifié au maximum, une batterie qui dicte la tonalité et une production rachitique, réduite au strict minimum. De temps à autres, il y a bien un piano à la Ian Stewart des Stones qui se manifeste, quelques courbettes au garage-rock qui se font sentir, un sample de Citizen Kane qui se fait entendre, mais c'est bien l'indie-rock que venait alors bouleverser les White Stripes avec ces seize morceaux qui parlent presque systématiquement de l’être aimé (simple amant ou amour perdu).

    « Mon cerveau gauche sait que tout amour est éphémère », chante ainsi Jack White sur The Same Boy You've Always Known. On se dit alors que l’Américain a raison, que les relations sont vouées à nourrir des regrets, mais vingt ans après la sortie de « White Blood Cells », on a fini par comprendre également qu’il est impossible d’empêcher un cœur d’aimer. Surtout lorsqu’il s’éprend pour des disques de cet acabit.