2017 M09 6
Brrrrr. Depuis quelques jours, l’étude d’un certain Matthew Sachs, étudiant à l’University of Southern California, fait le tour du web. Ce n’est pas le nombre de patients testés qui impressionne (vingt), mais les résultats : la moitié d’entre eux auraient eu la chair de poule en écoutant les morceaux sélectionnés pour le blind test. Et la conclusion de l’étude publiée dans l’Oxford Academic, c’est que les cobayes ressentant des frissons disposeraient d’un cerveau pas comme les autres. Si vous êtes dans ce cas, poursuit Matthew, c’est que votre cortex serait plus ouvert aux émotions et serait donc capable de ressentir des émotions plus puissantes que vos voisins.
« Skin orgasm ». À priori, on a tous vécu un jour ou l’autre ce moment où tel refrain nous plonge dans une transe qu’on aime à répéter jusqu’à l’usure. Et au-delà de l’aspect strictement addictif des tubes, c’est peut-être finalement plus du côté de la science qu’il faut chercher la raison d’être de ce que les Anglo-saxons appellent le « skin orgasm ». Après analyse de la vingtaine de cerveaux scannés, Matthew Sachs estime que c’est au niveau des connexions neuronales que tout se joue ; les patients les plus sensibles à la chaire de poule disposent d’un plus grand volume de fibres reliant le cortex auditif aux zones associées au traitement de l’émotion. Et ce, tous genres confondus (donc oui, ça fonctionne aussi si tes poils se lèvent en écoutant du neo death metal cambodgien).
Le frisson préhistorique. Selon Amani El-Alayli, professeur de psychologie sociale à l’Eastern Washington University, rien de surprenant au fait que les stimuli provoqués par la musique ne soient pas les mêmes pour tout le monde. En préambule, celle-ci rappelle que pour provoquer des frissons, une musique doit « contenir des harmonies inattendues et des changements soudains du volume sonore ». En gros : contredire les attentes du public. Ensuite, toujours selon Amani El-Alayli, cette réaction au frisson ne serait pas nouvelle ; elle ne serait rien de moins que l’héritage de nos ancêtres : ils étaient certes plus poilus (pour avoir moins froid, en résumé) mais compensait cet attribut pas très esthétique par une plus grande sensibilité de leurs corps à cet endroit.
Moins de dépression. Les plus sensibles au frisson musique, toujours selon cette étude, seraient davantage prédisposés à vivre de nouvelles expériences, mais aussi à apprécier la beauté et la nature et, enfin – parce que c’est pas fini –, plus aptes à entrer en communion avec la musique qu’ils écoutent. Avouez que si vous vous reconnaissez dans ce profil psychologique, vous avez plutôt de la chance. Bonus pour vos points de vie : votre cerveau super-sensible risquerait moins le développement de dépressions chroniques.
Bref, si vous tremblez en écoutant la version flûte du générique de Titanic, ce n’est pas forcément parce que vous êtes atteint de la maladie de Parkinson mais peut-être juste parce que vous êtes en vie. Et ça, franchement, c’est une bonne nouvelle.