2020 M07 2
James Brown– "Live at the Apollo 62" (1963)
En seulement 8 titres, le parrain de la soul définit précisément les contours d'un bon album live : énergie, swing, tracklisting resseré et hurlement des fans entre chaque piste. L'album, financé par Brown himself, retranscrit la folie du concert de Big James à Harlem en 1962. Les versions de Night Train et Please, Please, Please sont à tomber et la section rythmique, comme on s'en doute, démoniaque.
Deep Purple – "Made in Japan" (1972)
Capté au Japon en août 1972, pendant la tournée de Machine Head, "Made in Japan" n'est pas un grand sujet de polémique : c'est l'un des meilleurs albums live de tous les temps. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter la version de plus de 12 minutes du titre Child In Time. "Nous étions tous si peu soucieux de tout ce bordel que personne dans le groupe n'était réellement au courant qu'il était enregistré", confieront plus tard les membres. Cela s'entend tant l'album sent la décontraction. Eh oui, si vous vous demandez, il y a bien une version de Smoke on the Water.
Nirvana - "MTV Unplugged in New York" (1994)
Difficile de passer à côté : c'est devenu la tarte à la crème des albums live. Publié seulement quelques mois après la mort de Cobain, le disque acoustique permet non seulement de prouver aux détracteurs que Nirvana savait faire autre chose que du bruit, mais aussi que Kurt était peut-être le meilleur chanteur des années 1990. Las, il se suicide le 5 avril 1994 en laissant derrière lui ces 14 chansons qui résonnent comme un testament. À noter plusieurs reprises des Meat Puppets, une autre de Bowie et surtout celle de Leadbelly, Where Did You Sleep Last Night, belle à en crever (sic).
The Rolling Stones - "Get Yer Ya-Ya's Out! The Rolling Stones in Concert" (1970)
"C'est à peu près aussi falsifié que possible", a déclaré Keith Richards à propos de ce disque live capté en 1969 entre Baltimore et le Masison Square Garden. Depuis 50 ans, toutes les rumeurs courent sur ce faux disque live qui aurait été pas mal trafiqué en studio. Franchement, peu importe : avec les deux guitaristes Richards et Mick Taylor, les versions de Midnight Rambler ou Sympathy for the devil font de ce disque un inmanquable, qualifié par le critique rock américain Lester Bangs de "meilleur concert rock jamais enregistré".
Lou Reed - "Rock 'n' Roll Animal" (1974)
Franchement, comment passer à côté ? En 1974, Lou Reed est au sommet (il vient de sortir le chef-d'œuvre "Berlin", four commercial mais réussite totale au niveau artistique) et s'offre les Mozart de la six-cordes, Dick Wagner et Steve Hunter, pour ce disque de seulement 5 titres dans des versions à rallonge qui revisitent le Velvet et la discographie solo. Après ça, vous pouvez aller vous recoucher.
Justice - "Woman Worldwide" (2018)
Changement de salle, changement d'ambiance. Promu meilleur groupe français de la fin des années 2010 par la critique internationale, les deux compères de Justice décident de réécrire le concept de l'album live avec "une sorte d'hybride entre live, best-of et remixes". Cela donnera "Woman Worldwide", un disque sans public qui préfigurera Iris, le long-métrage OVNI du groupe, sorti en salles en 2019.
Portishead - "Roseland NYC Live" (1998)
35 musiciens sur scène, une Beth Gibbons en grande forme, un tube joué sans complexe (Glory Box), voilà le menu de cet album joué initialement en 1997 à New York, en pleine frénésie Trip hop. Avec ce pavé, le groupe prouvera qu'il était bien plus que ça.
Frank Sinatra, "Sinatra at the Sands" (1966)
Avec le live de James Brown, c'est l'un des basiques à posséder dans sa discothèque, le disque à ressortir pour tous les repas entre bons amis. Car à lui tout seul, il résume les différents volets de la saga Ocean's Eleven de Steven Soderbergh. Enregistré à Las Vegas sur fond de machines à sous, il réunit Sinatra sur le devant de scène, Quincy Jones aux arrangements et à la direction et Count Basis et son orchestre. Tous les tubes sont là, servis sur un plateau, dans le plus bel esprit de la musique américaine des années 1960. Absolument indépassable.
Miles Davis - "Agharta" (1975)
Encore un album live du milieu des années 1970, mais aussi l'un des plus surprenants. À cette époque, Miles Davis est tombé depuis plusieurs années dans l'électrique... et la drogue. Le disque qui en résulte, capté à Osaka au Japon, est à cette image. Mal compris à l'époque par les puristes à queue de cheval, il reste avec le recul plus rock que de nombreux albums publiés à la même époque. Après ça, Davis, sur les rotules, disparaitra pendant de longues années.
Bob Marley - "Live!" (1975)
Qu'on aime le reggae ou pas, cet enregistrement live de 1975 à Londres permet de saisir la toute puissance de Marley sur cette tournée. Initialement, les concerts ne devaient pas être enregistrés mais après le premier soir à Londres, le patron d'Island Records, Chris Blackwell, rameutera le studio mobile des Stones pour capter la seconde nuit. À raison.
Serge Gainsbourg - "Live au Palace" (1979)
Tiens, encore du reggae. Mais cette fois par le grand "Seeurrrrge". Qui revient juste de la Jamaïque où il a enregistré "Aux armes et cætera". Pour faire le joint, il décide de remonter sur scène, sans complexe, au mythique Palace où il enregistre cet album nommé "Gainsbourg... et cætera". Tout n'est pas parfait sur les parties vocales (forcément) mais la pièce est historique.
Parcels - "Live vol.1" (2020)
On termine avec un disque live sorti - surprise - en 2020, et certainement l'un des meilleurs entendus ces 20 dernières années. On le doit à un groupe australien dont certains membres auraient parfaitement pu jouer les doublures des Beatles, et pas que physiquement. Ce qu'on entend sur "Live vol.1" est absolument grandiose, joué en live "pour de vrai". Les versions de Myenemy ou Bemyself transpirent le soleil, le groove et les guitares de Nile Rodgers de Chic. Paradoxalement, et même si le concept de l'album live a toujours été de dissimuler des best-of, cet album brille surtout par l'originalité des versions. La garantie d'un bon été avec ça dans les enceintes. Une bonne manière de patienter jusqu'au retour des festivals.