En écoute : « Assume Form », la grande œuvre pop de James Blake

Annoncé par surprise il y a quelques jours, le quatrième album de James Blake s’impose déjà comme un compagnon fidèle, apte à rendre notre quotidien plus beau, plus doux.
  • Vision pop. Il suffit d’écouter quelques minutes « Assume Form » pour comprendre qu’il se déploie sur ce quatrième album un projet esthétique multiple et passionnant. Logique : on n’invite pas des artistes tels que Travis Scott, Metro Boomin, Rosalía ou encore l'immense André 3000 pour se contenter de quelques expérimentations timides. Durant quarante-huit minutes, James Blake entreprend ainsi tout un tas de pas de côtés, moins électroniques, plus pop, mais à coup sûr impeccablement maitrisés.

    Retour de spleen. Si « Assume Form » n’a pas toujours les sonorités hip-hop que les invités et les récentes collaborations de James Blake (aux côtés de Jay-Z, Beyoncé ou Kendrick Lamar) pourraient laisser penser, il reste fascinant de bout en bout. Avec comme principaux atouts ses productions aériennes (Lullaby For My Insomniac), son R&B condamné à l’humilité, à la langueur (Assume Form), sa sensibilité orchestrale (Are You In Love?, et ses instruments à cordes) et son sens de la mélodie, traversé ça et là par des courants d’émotions pures (Power on, Don't Miss It).

    Les temps changent. Il y a encore quelques années, James Blake jouait une dance music ralentie, contrariée par la mélancolie et l’anxiété. Désormais, l’Anglais déploie une pop music ambitieuse, qui sait toutefois esquiver le piège de la démesure et ne pas se laisser influencer par les forces extérieures.  

    À l’écoute d’« Assume Form », il est même impressionnant de constater à quel point les différents invités se fondent à merveille dans l’univers de James Blake, un peu comme s'ils étaient plus attachés à l’idée de l’enrichir que de l’assommer de leurs propres influences. C’est là l’une des réussites de ce quatrième disque : réussir à manier les contrastes, à marier les atmosphères et à s’offrir tout tas de figures de styles inédites et foisonnantes. Ça peu paraître peu, c’est déjà beaucoup.

    Crédits photo : Amanda Charchian