En direct de Sevran, 13 Block met le rap français à genoux

Des textes de bicraveurs, des refrains entêtants et des ambiances strictement street : a priori, 13 Block avait tout pour rester un secret bien gardé. Depuis Sevran, les quatre MC's encanaille le rap made in France.
  • Trap-moi si tu peux. Quatrième projet en quatre ans, « Triple S » de 13 Block est si contraire à la réputation des quatre sevranais qu’il rend impossible de continuer à parler de leur musique comme on le faisait jusque-là. En gros, un rap de rue, parfois bancal, mais suffisamment maitrisé pour permettre à ZeFor, OldPee, Zèd et DeTess de se créer une solide réputation et d’être sollicité par Kaaris, qui les a invités en 2015 à poser sur Vie sauvage.

    « S.E, S.E, S.E.V.R.A.N ». Depuis, les gars du Treize ont bien grandi, affirmé leur singularité, suscité l’intérêt d’un public plus large (Vide a été vu plus de 3,7 millions de fois sur YouTube) et développé une identité propre. Bien sûr, leur phrasé cru et concerné est toujours fièrement revendiqué, et semble de toute façon inhérent à leur commune d’origine, parmi les plus pauvres de France : « Sevran, c’est pas une ville à chanter du R'n'B », philosophait Zed dans une interview à Yard. Mais il faut bien admettre que les productions spécialement concoctées par Ikaz Boi (un proche collaborateur de Myth Syzer et de Joke) amènent le quatuor dans une autre dimension, plus nerveuse que celle développée par PNL et moins hardcore que celle de Kaaris.

    La rue cause. Dans Somme, 13 Block le dit d’ailleurs clairement : « C’est le son des détailleurs, et le son des malfaiteurs », comme pour rappeler à quiconque que le crew connaît sur le bout des doigts la vie de quartier, et qu’il est possiblement le mieux placé actuellement pour prendre la relève de rappeurs inscrits au cœur de leur panthéon personnel (Nessbeal, Salif, Alpha 5.20, etc.). Ça manque parfois de finesse dans l'écriture, mais en attendant de savoir si 13 Block bénéficiera un jour de la même aura que ces MC’s, une certitude : ça faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu un(e) (t)rap aussi tubesque que psychotiquement attaché(e) à la rue.