2019 M05 27
Cœur plombé. En 2001, Oxmo Puccino publiait « L'amour est un mort », un disque sombre, marqué de désilusions et de quelques saillies dépressives : « Je délivre un titre pour suicidaire averti : carabine à air déprimé cherche tempe libre. » Dix-huit plus tard, « French Cash », la dernière mixtape de Zed Yun Pavarotti, semble elle aussi plombée par des relations amoureuses anxiogènes. À l’image de ces premiers mots, balancés en ouverture de Catalogue : « Aime-moi tout en bas, fais comme pour une pierre tombale. »
Sacrifice. Contrairement au deuxième album d’Oxmo Puccino, que Zed Yun Pavarotti n’a probablement pas écouté tant sa musique semble uniquement tournée vers l’avenir, « French Cash » ne fait pas du deuil de l’amour son thème principal. C’est l’oraison funèbre du monde qu’il semble mettre en son. Au revoir, Apocalypse, Monstre, Flamme ou Adieu : tous ces titres témoignent d’un certain dégoût pour notre contemporanéité, d’une volonté de s’exposer à fleur de peau, de raconter ses failles sans artifices. Un peu comme si sa musique répondait à un besoin vital chez lui : « Chanter est vite devenu cathartique », affirmait-il d'ailleurs sur France Culture en début d’année.
Des lendemains meilleurs. D'un point de vue extérieur, la vie de Zed Yun Pavarotti paraît pourtant enviable - hormis le fait de vivre dans un 18 m² parisien avec son producteur Osha depuis qu'il a quitté sa ville d'origine, Saint-Étienne. Ces derniers mois, chacune de ses sorties a été saluée par les médias, le label Artside (MHD, DSK On The Beat) l’a invité à rejoindre ses rangs, des producteurs tels que Junior Alaprod collaborent avec lui, tandis que certains de ses morceaux témoignent d’une ouverture d’esprit toujours plus grande.
Pensons notamment à Coquillage et ses dérives électroniques ou à Velours, qui le rapproche plus volontiers du format chanson : deux esthétiques, deux versants d'un même mal-être, mais, surtout, deux réussites capables d'imposer Zed Yun Pavarotti dans le cœur de toutes les âmes meurtries.