Eddy de Pretto : le chanteur gagne son procès contre ses cyber-harceleurs

Alors que la justice a condamné les auteurs des messages haineux et homophobes à son encontre, l'auteur de « Kid » a choisi de prendre la parole sur Mediapart. L’objectif ? Inciter quiconque serait dans la même situation à porter plainte.
  • « Ne pas se laisser bouffer par la peur ». C'est par ces mots qu'Eddy de Pretto a choisi de prendre la parole sur Mediapart, bien décidé à expliquer en long et en large le harcèlement dont il a été victime, en même temps que la décision rendue par la justice lundi dernier, près de deux mois après que le chanteur a officialisé le harcèlement en ligne dont il était victime.

    Début octobre, le Parisien, 29 ans, avait effectivement témoigné de l'impact destructeur des quelque 3000 messages reçus après son concert à Saint-Eustache, donné le 17 juin 2021. A priori, ce n’était rien de plus que trois chansons interprétées dans une église. Sauf que le teasing choisi par Eddy de Pretto pour relayer la vidéo sur Insta a déclenché une haine (des conservateurs, des racistes, des homophobes) sans commune mesure : « Si vous voulez m'entendre chanter “sodomite” dans une église, c'est en swipe. »

    Dans la droite lignée de l’affaire Mila, viennent alors des menaces de mort et des messages privés ultra violents, certaines personnes allant même jusqu’à prétendre qu’elles savent où habitent Edddy de Pretto. Florilège :

    « Nous serons là à chaque date pour te rappeler que l’armée de Dieu ne laisse pas ce genre de blasphème impuni ».

    « Gros sac à merde à souiller notre religion ». 

    « À bas la République qui nous fabrique des sous-hommes de cette espèce ». 

    « Espèce de gigantesque fiotte, c’est la dernière fois que tu chantes tes aberrations dans une église à moins que tu veuilles être flagellé en place publique ».

    À chaque fois, ces messages proviennent d'hommes au profil très différents, profondément attachés au catholicisme mais incapables de comprendre que le blasphème n'est pas réprimé par la loi. Alors, après avoir perdu le sommeil et souffert de troubles dépressifs, Eddy de Pretto a choisi de porter plainte, regrettant au passage que les poids lourds du web (Facebook, Instagram ou Twitter) ne prennent pas plus clairement position sur le sujet.

    « Le cyberharcèlement, ce n’est pas que des mots », clame-t-il sur le plateau de Mediapart. Effectivement, c’est un mode de persécution, un acte violent, et la justice vient de l’affirmer de façon inédite, condamnant 11 des 17 auteurs de ces messages à des peines allant de trois à six mois de prison avec sursis. Une victoire, forcément, quand on sait que seuls 20% des menaces ou des violences contre les personnes LGBTQ+ se traduisent en plaintes. Au terme de sa prise de parole, Eddy de Pretto y voit quant à lui un signe d'espoir :

    « Ça montre qu'il est possible de porter plainte, que les démarches se font de mieux en mieux et qu'elles sont de plus en plus écoutées, même concernant les réseaux sociaux ».

    A lire aussi