Du football au rap, le destin de Pedro Rebocho

« Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? » Ils sont nombreux les gamins qui répondent « footballeur » ou encore « rappeur ». Le latéral gauche de Guingamp, Pedro Rebocho, n’a pas eu à réfléchir bien longtemps : il a choisi de faire les deux.

Relation épistolaire. Le rap et le foot, c’est une longue histoire d’amour qui a enfanté de nombreux morceaux : Passements de jambes de Doc Gynéco, la bande originale du dessin animé Foot 2 Rue par Akhenaton (maintenant tout le monde l’a dans la tête) et plus récemment Afro Trap Part.3 de MHD. Bref : les rappeurs adorent le ballon rond et les footballeurs adorent le rap, à l’image des joueurs du PSG qui s’enjaillent sur Réseaux de Niska. En revanche, ce qu’on ne savait pas, c’est que certains footballeurs comme Pedro Rebrocho avaient décidé de passer eux aussi derrière le micro.

Blessure fortuite. Parfois, un revirement de carrière se résume à peu de choses : pour le joueur de football portugais Pedro Miguel Braga Rebrocho, l’élément déclencheur est une blessure. Le 7 février 2016, alors qu’il joue un match avec l’équipe réserve du Benfica, Pedro se fracture le péroné et sort sur civière. Le verdict est sans appel : il faut attendre six mois avant de pouvoir chausser à nouveau les crampons. Cette période de convalescence, Pedro va l’utiliser pour se replonger dans les poèmes qu’il écrivait depuis ses 17 ans. Grâce à ses amis rappeurs il prend progressivement goût à la musique et commence même à gratter des textes.

Son blaze de rappeur ? Stiff Wrist alias « Poignets Fermes » en français. Le point d’honneur à cette thérapie musicale est la sortie de son morceau Fibula directement inspiré de sa blessure. Aujourd’hui, le footballeur a signé à l’En Avant Guingamp avec lequel il a joué 18 matchs cette année. S’il avoue que le fait d’écrire sur sa blessure lui a fait beaucoup de bien, il relativise quand même : « Le rap n’est qu’une passion. Et même si j’ai enregistré quelques morceaux, je ne me sens pas complètement légitime pour prétendre à plus. » Alors d’accord, ses morceaux ne font pas des centaines de milliers de vues et on ne comprend pas grand-chose au portugais, mais il faut bien avouer qu’il y a du talent derrière.

Question de flow. Pedro est loin d’être un cas isolé. Sans parler de la reprise intemporelle des Champs-Élysées par Franck Ribéry, on peut en tout cas citer Karl Toko-Ekambi, le joueur angevin qui faisait partie du collectif de rap parisien MZ (avec Jok’Air, Dehmo et Hache-P) avant de signer au FC Sochaux. On pense aussi à Jesé Rodriguez, l’ancien joueur du PSG et du Réal Madrid, qui s’est lancé dans une carrière solo sous le nom de Jey M.

Sans avoir totalement franchi le pas, l’actuel joueur lyonnais Memphis Depay s’est associé avec le joueur du Spartak Moscou Quincy Promes le temps d’un freestyle : le clip s’appelle LA Vibes Freestyle 1.0 et niveau cliché du rap on se situe entre la grosse Rolls Royce et les chaînes en or de trois kilos. Ces rappeurs en herbe peuvent se la péter autant qu’ils veulent, la jeunesse bling-bling n’aura jamais un quart du flow du légendaire Pascal Olmeta et son tube Tape dans un ballon. À voir au moins une fois dans sa vie.

  • Le portrait de Pedro Rebocho est à retrouver dans l'émission J+1 en replay sur My Canal.