Damon Albarn déclare la guerre à la « selfie music »

Plus d’engagement, moins de nombrilisme, c’est ce qui ressort d’une interview du patron de la pop anglaise accordée à la BBC 6.

La mort aux chansons « moi je ». Le panorama musical actuel est peu porté sur l’engagement. C’est un problème de l’époque, le contrecoup de plusieurs générations traumatisées par les projets faussement caritatifs ou artistiquement peu défendables. Mais pour le leader de Blur – entre autres – tout ceci doit avoir une fin. C’est la conclusion de l’interview publiée par la BBC 6 (vous pouvez l’écouter ici), où Albarn semble plus qu’agacé par les « chansons moi je » qui pullulent partout sur internet et sur les plateformes de streaming.

Sans jamais citer personne, celui qui vient de fêter ses 51 ans remet les pendules à leur place sur ce que doit être la musique à l’approche de la nouvelle décennie :

« « La mode des chansons individualistes n’est pas tenable. C'est la génération de selfie. Ils [les artistes, ndlr] parlent de platitudes. » »

Sans jamais sonner « vieux con », Damon Albarn rappelle ainsi que la musique, la pop au sens large, n’a jamais été aussi belle que lorsqu’elle tire entre les deux yeux de l’actualité. Trop déconnectée, trop loin des problèmes du monde (à quand une vraie chanson sur le dérèglement climatique ?), elle devient insipide. Et échoue à raconter l’époque. Comme le Brexit, notamment. Dont Albarn est un virulent opposant :

« « Internet a donné à cet étrange accès à tout le monde le sentiment d’être informé et d’être en contact avec le monde, mais pas physiquement. Si vous voyez physiquement la situation dans son ensemble, et pas seulement le montage brutal de ce qu’est une chose, et que vous voyez le côté humain de ce qu’elle est en réalité, vous avez une vue tellement différente. » »

Drake, Liam Gallagher et Taylor Swift apprécieront surement la succession de tacles du parrain. Qui n’a d’ailleurs jamais semblé aussi en forme. Après un featuring formidable sur le nouvel album de Roméo Elvis, il vient de réactiver son projet Africa Express avec un album (« Molo ») sorti en mars dernier, et enregistré à Johannesburg. Son énième side project The Good, The Bad and The Queen sera également à Paris au Bataclan le 27 mai et au Trianon le lendemain.

Pour finir, une énorme date est déjà annoncée à la Philharmonie de Paris le 24 mai 2020, en hommage à l’Islande. Un tout petit pays responsable entouré de géants pollueurs et égoïstes. Un peu à l’image d’Albarn dans l’industrie du disque, finalement.