Mais au fait, qui a vraiment inventé la fête de la musique ?

Ça y est, la France abandonne le couvre-feu pour accueillir à bras semi-ouverts la fête de la musique. C’est la tradition depuis bientôt 40 ans dans l’hexagone et le reste du globe. Contrairement aux idées reçues, Jack Lang n’a pas donné la vie à cet immense projet qui a en réalité vu le jour en 1976, soit cinq ans avant sa nomination au poste de ministre de la Culture.
  • Cette année, la fête de la musique devrait presque ressembler à celle que l’on connaît habituellement. Les représentations organisées en intérieur devront se dérouler devant un public assis, alors que finalement “les mini concerts dans les bars et les restaurants seront possibles” indique Roselyne Bachelot. C’est le prétexte idéal pour se pencher sur les origines de cette cérémonie enfin de retour, célébrée dans le monde entier.

    La fête de la musique est bel et bien née dans l’Hexagone, mais ce n’est pas grâce à Jack Lang. Ni d’un autre Français d’ailleurs. Le véritable inventeur de cette journée est en réalité un Américain du nom de Joël Cohen. En 1976, il travaille alors chez France Musique en tant qu’assistant du directeur de la radio. Dans l’optique de rendre la station plus attrayante pour le grand public, on demande au musicien de formation de trouver une idée qui aille dans ce sens. Bingo : Cohen décide de lancer “les Saturnales”. Il explique son intention première pour TV5 Monde : “Faisons une captation des gens qui jouent dans la rue avec leurs instruments de musique et nous diffuserons le tout. On ouvre l'antenne et on diffuse ça toute la nuit !” Six ans avant l’inauguration de la fête de la musique se tient donc la première Saturnale à Paris et à Toulouse un 21 juin, jour le plus long de l’année.

    En 1981, lorsque François Mitterrand est élu Président, il nomme Jack Lang comme Ministre de la Culture. A ses côtés, on retrouve Maurice Fleuret au poste de Directeur de la musique, anciennement employé de France Musique. Vous voyez venir la sournoiserie ? Ce bon vieux Maurice a repris l’idée originale de Joël Cohen et il l’a tout bonnement proposée au Ministre de la Culture, qui l’adopte sur-le-champ.

    Le 21 juin 1982 se tient enfin la vraie première fête de la musique. Pour l’occasion, Jack Lang donne une interview à Antenne 2 : “Il faut poursuivre la démocratisation de la musique. Un pays morose, déprimé, n'est pas un pays qui gagne les batailles économiques. Et si nous sommes en mesure de trouver en nous-même la force de rire, nous aurons aussi, en nous-même, la force de lutter contre l'inflation et le chômage.” Et Joël Cohen dans tout ça ? L’Américain affirme qu’il “veut éviter toute amertume”, même s'il “regrette de ne pas avoir été remercié.” Encore aujourd’hui, ni le site du gouvernement, ni le compte Twitter de la fête de la musique ne citent Cohen, attribuant la création de la soirée du 21 juin à Jack Lang en 1982. 

    La première fête de la musique est un carton total, malgré le fait que les musiciens ne puissent jouer d’un instrument qu’entre 20h30 et 21h. Très vite le 21 juin devient un jour attendu chez les Français, mais pas que. 1985 est déclarée comme  “l’Année européenne de la Musique”, ouvrant les portes de la fête aux autres pays du continent. Désormais, c’est plus de 120 nations dans le monde qui accueille de la musique dans leurs rues tous les 21 juin, bien que le terme de “fête de la musique” n'ait pas dépassé les frontières de l’Europe.

    Après 39 ans d’existence officielle, la fête de la musique a déjà ses nostalgiques. Joël Cohen le premier : “La musique amplifiée a pris l'ascendant sur le reste. Le 21 juin, je m'en vais ! Je pense que la musique a, à peu près, disparu, et je regrette cela.” Et pendant ce temps, Jean-Michel Jarre et Cerrone se produiront à l’Elysée cette année.