L'histoire à 90 000 € de la pochette du "Be Here Now" d'Oasis

En août 1997, Oasis écoule 500 000 copies avec “Be Here Now” en une semaine, un record pour l’époque. Pour illustrer l'album, on retrouve la pochette la plus chère jamais réalisée. Et tous ces éléments disposés plus ou moins n’importe comment sur la cover ne sont pas là par hasard. On explique.
  • Une Rolls Royce dans une piscine. Un télescope. Une horloge sans aiguilles. Un phonographe. Et beaucoup de bières. Voilà, pour résumer, la recette miracle pour arriver à la pochette finale de “Be Here Now”.

    C’est Brian Cannon qui se trouve derrière cette cover, tout comme pour les trois premiers albums d’Oasis. Le Britannique est surtout connu pour son travail en tant que graphiste et directeur artistique. Mais ce jour-là, ce n’est pas celui qui shoote le groupe (il a réalisé la direction artistique). La photo est prise par Michael Spencer-Jones, qui a également travaillé sur le tout premier album des Mancuniens. Il aura fallu une journée d’installation et une autre journée de shooting pour arriver à la pochette définitive, sans aucun effet ajouté.

    Le shooting a lieu dans un gigantesque manoir, le Stocks House (connu pour avoir été le repaire des mannequins Playboy dans les seventies), à quelques kilomètres au nord de Londres. Creation Records, la maison de disque d’Oasis à l'époque, privatise l’ensemble de l’hôtel durant toute une journée pour mettre en place le décor nécessaire à cette pochette. Ce n’est que le lendemain que les membres du groupe sont arrivés pour le shooting. Pendant que Michael Spencer-Jones se prépare, Oasis a accès, gratuitement, au bar du manoir. Evidemment, il s’agit d’une très mauvaise idée connaissant les joyeux lurons qui commandent pintes sur pintes. Bonehead, le guitariste du groupe, est tellement ivre qu’il ne peut plus se lever (il est resté un bon moment les pieds dans l’eau sans bouger, pour vous dire).

    Plus tard, Brian Cannon expliquera au podcast BritPopCast qu’il s’agit de la pochette la plus chère jamais réalisée, au moins à l’époque. Pourtant, ce n’est pas la Rolls Royce qui leur a coûté le plus d’argent, au contraire : cette voiture ne leur a valu que 1200 euros ; elle ne possède pas de moteur et elle était destinée à la casse avant d’être louée par Oasis. Par ailleurs, l’équipe du shooting a dû vider une grande partie de l’eau de la piscine pour y glisser délicatement la grosse voiture. Petit souci : une Rolls Royce pèse plus de deux tonnes. Pour qu’elle ne coule pas, ils ont dû mettre des pneus et des caisses de bières pour faire pointer l’avant de la caisse à l’extérieur de l’eau. Bref, une fois la location du lieu payée et les chèques envoyés à tous ceux qui ont bossé durant les deux jours, l'addition monte à 90 000 balles. Et celle-ci ne comprend pas la note laissée au bar par Oasis...

    Même si les objets présents sur la pochette de “Be Here Now” semblent complètement aléatoires, ce n’est pas tout à fait le cas. Tout d’abord, le modèle de la caisse est une Rolls-Royce Silver Shadow, soit la même que celle de Keith Moon de The Who conduisait le jour de ses 21 ans, et qui aurait fini ce jour-là, selon les rumeurs, dans une piscine. Cet hommage au batteur n'est pas le seule à la musique anglaise : la plaque d’immatriculation se trouve être la même que celle de la voiture noire à droite sur la pochette de “Abbey Road”. Au fond de l’image, on retrouve également le globe utilisé pour la pochette de “Definitely Maybe”, le premier album d’Oasis. 

    Histoire que l’on n’oublie pas quand est sorti cet album, la date est indiquée sur un calendrier posé devant la piscine : le jeudi 21 août. Un jour à jamais gravé dans les annales de la musique puisque “Be Here Now” s’est écoulé à plus de 8 millions d’exemplaires dans le monde. Le plus fou dans cette histoire, c’est que pour réaliser la pochette du disque, les membres d’Oasis n'ont eu rien d'autre à faire que de se bourrer la gueule. Un sport olympique pour les membres du groupe. 

    Pour les fans inconditionnels d’Oasis, vous pouvez vous procurer les photos du shooting de la pochette de “Be Here Now” juste ici. Et pour réécouter l'album, c'est juste en dessous.