Comment la pop française s’est réappropriée les codes du hip-hop

Christine & The Queens qui s’encanaille avec Booba, Eddy de Pretto qui cite Diam’s comme principale influence, Angèle qui assure les premières parties de Damso… Les exemples sont nombreux.
  • Un bruit court. On dit que le hip-hop serait la nouvelle chanson française, qu'il aurait remplacé la variété dans le cœur du grand public et qu'il s'en approprierait les codes pour éviter la sclérose. Et si c’était l’inverse ? Et si c’était la chanson qui s’inspirait ces derniers temps du hip-hop, de son ouverture d’esprit et de ses innovations stylistiques ? On tient pour preuve les récentes collaborations de Katerine avec Lomepal, mais aussi la présence de Moussa en première partie d'Odezenne, les chœurs assurés par Madame Monsieur pour Youssoupha et La Fouine ou le remix de Si l'on ride de Muddy Monk par Ichon.

    Reconnaissance publique. Récemment, les Victoires de la musique ont confirmé ce rapprochement en distinguant la catégorie « Album de musiques urbaines » et celle d'« Album rap » (il était temps !). L'occasion, en quelque sorte, de marquer l'influence du hip-hop dans les morceaux d'Angèle (qui parle de « thune » et de choses parties « en couilles », des expressions nettement plus courantes dans le rap que dans la chanson), Aloïse Sauvage et Feu! Chatterton.

    Dans une interview à United States Of Paris, ces derniers, qui ont récemment collaboré avec Prince Waly et revendiqué s’être inspirés de la froideur de la trap pour mettre en son L’ivresse, disaient : « On est sensible à l’avancée de la scène rap et hip-hop française, comme Roméo Elvis, Lomepal. On aime le travail de production du son et nous sommes impressionnés par le travail des basses de PNL. »

    L’amour des mots. Cette influence du hip-hop chez les artistes de la chanson française, on la ressent également dans la discographie personnelle de Therapie Taxi, Chaton ou Christine & The Queens, qui n’ont jamais caché leur admiration pour Roméo Elvis, PNL ou encore Booba. Étonnant ? Pas tant que ça quand on sait que tous ces chanteurs et chanteuses sont issus d’une même génération, celle qui a grandi au cours des années 2000, les oreilles fixées sur Skyrock, les singles à la croisée du rap et du R'n'B alors en vogue, et sur cette façon bien particulière de faire sonner les mots. 

    « J’ai l’impression que l’on est de plus en plus intéressé par le mot et par la non crainte de dire les choses telles qu’elles sont, validait Eddy de Pretto à Antidote Magazine. Ça vient probablement de la culture rap, de plus en plus présente aujourd’hui, mais cette extrême sincérité, cette volonté de parler à cœur ouvert avec plus ou moins de vulgarité, de dire les choses droit dans les yeux, me plaît beaucoup. »