2019 M03 11
Soyez sympas, rembobinez ! Le retour de la cassette, c'est un peu comme le come-back du vinyle : une vieille marotte de journalistes, satisfaits de trouver là un sujet à remettre au goût du jour (annuellement ou non, c’est selon). Au début des années 2010, on en parlait déjà, un label californien comme Burger Records s’en était même fait une spécialité. En 2019, même topo : les ventes de cassettes ont augmenté aux États-Unis et au Royaume-Uni (respectivement de 19% et 125%), Awesome Tapes From Africa réédite les pépites issues du continent africain et un collectif comme Daddy K7 à Bruxelles milite pour le retour de ce format dans les DJ set. Ce qui amène certains à y croire plus que d’autres.
Vive la Bretagne. C'est notamment le cas de Jean-Luc Renou, patron de la société Mulann Industries, spécialisée dans les bandes magnétiques. Quelques mois après avoir mis sur le marché une cassette vierge de deux fois soixante minutes, ce Breton, basé à Lannion, a en effet décidé de relancer officiellement la production de cassettes audio. Une première mondiale, oui, mais pourquoi ? Parce qu’on ne peut plus compter sur les grandes entreprises, pardi :
« La vente de cassettes s'est arrêtée brutalement il y a quinze à vingt ans avec l'émergence du CD, laissant derrière elle un stock énorme, qui s'épuise aujourd'hui sérieusement, confie-t-il au journal Le Monde. Le secteur était occupé par des géants de l'industrie qui ne reviendront pas sur le marché car celui-ci est désormais trop petit pour eux. »
Retromania. Forcément, Jean-Luc Renou mise sur l'effet nostalgie, celui qui incite les producteurs hollywoodiens à confier un walkman au personnage principal des Gardiens de la Galaxie, celui qui motive les directeurs artistiques à sortir en cassette les derniers albums d’Ariana Grande, de Lana Del Rey ou encore de Taylor Swift. À croire que, oui, il y a chez les plus jeunes « le besoin de tenir entre ses mains un objet physique, dans un monde où la dématérialisation va bon train ». Et qu'importe si cette théorie est plausible ou non, l'ambition de Mulann Industries est claire : écouler 100 000 cassettes par mois d'ici peu.
Crédit photo Une : Le Parisien / Solenne Durox