2023 M02 4
La volonté est-elle le moteur de la capacité ? Est-ce que de croire fort en une chose permet de le devenir ou de l’obtenir ? À ces questions existentielles qui auraient largement leur place dans ses « interviews psy », Bolivard a choisi de répondre par l’affirmative. Malgré qu’il n’ait pas prononcé son serment d’Hippocrate, Simon, au civil, s’est fait connaître sous les traits d’un psychiatre-chanteur sarcastique. Dans son premier album introspectif, « Dr Bolivard » (2020), il s’essayait à l’automédication. En vidéo, sur YouTube, il confrontait ses diagnostics dignes du Docteur Lulu aux artistes de la chanson française (Jacques, Myd, L’impératrice…). Aujourd’hui, il revient avec une nouvelle méthode-disque, « M. Bolivard », grâce à laquelle il dresse un portrait du monde malade qui l’entoure.
Qu’on se le dise tout de suite, Bolivard n’est pas schizophrène. Il aime simplement se dédoubler en incarnant des personnages. Pour le premier qu’il a choisi, « Dr Bolivard », un alias qui est également le titre de son premier disque, Simon a voulu soigner ses névroses. En appliquant le principe psychanalytique de la « sublimation » dans ses chansons, le Doc a créé un univers dans lequel il était le seul maître. Il a ainsi pu rêver à La vie idéale, ou vaincre La mort, lors d’une conversation à « mourir » de rire avec la Faucheuse, en personne.
Pas mécontent de cette authentique « catharsis » qu’il venait de réaliser sur 8 pistes, Bolivard a pris à cœur son rôle de médecin. Convaincu qu’il pouvait aider ceux qui en avaient (peut-être) vraiment besoin, Simon s’est lancé sur YouTube. Dans une série de vidéos labellisées « L’interview Psy », Bolivard a reçu les artistes qui font vivre la chanson française. Avec Jacques, ils ont essayé de comprendre « LIMPORTANCEDUVIDE » (2022), concept philosophique et nom de l’album du compositeur strasbourgeois. En compagnie de L’Impératrice, tout le monde s’est replongé dans ses rêves d’enfant, pour mieux cerner le présent. À défaut de savoir si ses recommandations ont eu un effet quelconque sur ses patients, chacun est ressorti en ayant passé un bon moment.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais malheureusement, « aujourd’hui les humains ont encore fait n’importe quoi. » C’est en dressant ce constat, qui sert d’ailleurs de phrase d’ouverture à son deuxième album, que Simon a décidé de repointer le bout de son nez. On reprend les mêmes et on recommence, à une différence près. « Dr Bolivard » n’existe plus — sans doute rattrapé par la justice —, « M. Bolivard » la remplacé. Un nouveau pseudo qui lui sert à prolonger le travail du psychiatre, de manière plus légère et moins moralisatrice.
Pour entrer dans le vif, Simon présente ses Bolivard News, un JT comme on en fait plus, qui décrit l’état du monde en 2022 ; année pendant laquelle il a composé son disque. Une façon habile d’introduire les 7 morceaux qui suivent. Des titres durant lesquels son avatar se soulage en prenant « des substances », se pointe à Pôle Emploi en invoquant Quentin Dupieux et Tex Avery, ou comme dans la vidéo ci-dessous, se glisse dans la peau d’un « influenceur coach de développement personnel entrepreneur aussi fou dangereux, narcissique et opportuniste. ». En somme, uniquement des thèmes qui l’intéressent, comme il a raconté chez Maze :
« Tout ça, c’est présent dans la sphère médiatique. Évidemment, je n’ai rien contre les écolos, les influenceurs ou les gens qui font des NFT. Mais ce qui me dérange, c’est parfois leur manière d’arriver en disant qu’ils ont raison, plutôt que de faire des propositions et d’ouvrir le débat. Après, je sais que c’est très compliqué. Les hommes politiques, par exemple, ne peuvent pas se montrer avec une once de doute. C’est pour ça qu’ils m’effraient énormément, ce sont des psychopathes ! »
Puisque Bolivard parle de politique, avec tout ce programme quasi présidentiel que renferme son disque, ne tiendrait-il pas là, le troisième volet de ses aventures ?
Crédit photos : Julie Oona
Bolivard sera en concert le 13 mars au POPUP! (Paris)