Comment Black Lives Matter a influencé la musique américaine

  • Les tensions raciales aux États-Unis ne laissent pas la pop culture américaine insensible et le mouvement Black Lives Matter a influencé un paquet d'artistes, de D'Angelo à Beyoncé en passant par Kendrick Lamar et Questlove.

    D’Angelo en éclaireur. Cela faisait presque vingt-cinq ans que les États-Unis n’avaient pas connu de tels mouvements de luttes contre les inégalités raciales. Depuis le procès d’O.J. Simpson en fait. Résultat, pas étonnant que les musiciens s’en soient largement inspirés depuis 2014. Le premier à aborder le sujet frontalement dans un de ses titres est le boss de la nu soul, D’Angelo, qui effectuait son come-back après quatorze ans d’absence dans les rayons. Son album « Black Messiah », dont la pochette colle parfaitement à l’actualité, contient notamment le morceau The Charade. Un tournant.

    Kendrick Lamar prend le relais. Alors que plusieurs Afro-Américains se font shooter dans le dos par des flics sur les dents, le pays de l’Oncle Sam commence à être franchement secoué. Charlotte, Ferguson, Charleston… Plusieurs villes sont le théâtre de manifestations balèzes équipées de pancartes « Black Lives Matter ». Comme James Brown, Marvin Gaye, Curtis Mayfield, Sam Cooke ou encore Public Enemy avant elle, la pop culture commence à l’ouvrir à son tour dès début 2015. D’abord sur les réseaux sociaux, avec Questlove et consorts, le mécontentement des artistes se traduit vite en musique. Puis l’album « To Pimp A Butterfly » de Kendrick Lamar sort le 16 mars 2015 et remet le hip-hop au premier rang des musiques revendicatrices.

    Beyoncé casse tout. Début 2016, le traditionnel Super Bowl et son show de la mi-temps est pris d’assaut par Beyoncé, qui éclipse les performance de Bruno Mars, mais surtout de Coldplay (c’était pas compliqué en même temps…). Avec une vingtaine de danseuses habillées en Black Panther, elle chante Formation, sorti la veille. Un titre qui mélange les références à l’ouragan Katrina, à Black Lives Matter et au féminisme. Une semaine après, Kendrick Lamar, encore lui, explose tout sur la scène des Grammy Awards en interprétant The Blacker The Berry tout en étant menotté, en costume de prisonnier. Et entre nous, ça fait du bien d’entendre autre chose que des Happy et des Blurred Lines. La pop culture est-elle enfin prête à se ré-engager ?