Le Bandcamp du jour : Front de Cadeaux

  • "Notre musique sonne comme si elle était produite par un producteur accro à la codéine." Vérifions tout de suite si ces Belges sous cortisone sont aussi lents que leur musique est bonne.

    Le New York Times décrivait voilà quelques jours la plateforme Bandcamp comme  « l’un des plus grands bazars underground de tous les temps ». Confirmation avec Front de Cadeaux, formé d’Italiens gays vivant à Bruxelles et ralentissant le beat jusqu’à la frontière de l’indansable.

    Ralentir le beat, voilà qui peut faire franchement peur. C’est que le trip-hop, la lounge et les compilations Buddah Bar n’ont pas laissé que d’excellents souvenirs avec leurs versions bourgeoises édulcorées d’une musique électronique qui bandait un peu mou. Duo basé entre Bruxelles et Rome, apparu sur la toile en 2014, Front de Cadeaux parvient toutefois à restituer la lenteur moite, sale, camée et homo-érotique. Ils appellent ça le Suprême Rallentato et toute la blague consiste à sélectionner des vinyles de house, de breakbeat, de techno et même de trance pour les jouer à la mauvaise vitesse quand ils deejayent et à s’inspirer de ces beats ralentis quand ils composent. « Notre musique sonne comme si elle était produite par un producteur accro à la codéine », ont-ils coutume de clamer.

    Évidemment, leur musique évoque effectivement beaucoup les états seconds et le sexe entre hommes, mais c’est surtout à la grosse blague potache que carburent les deux quadras. Leur nom, Front de Cadeaux est ainsi un hommage à Front 242 (prononcé « deux-quat’-deux », à la belge), terreur industrielle du plat pays qui descend rarement en dessous de 120 BPM, elle.