"Bach Nord" : à Marseille, ces danseurs hip-hop déjouent les clichés sur la banlieue

À Marseille, une troupe d’une vingtaine de minots se réapproprient dans un même mouvement Jean-Sebastien Bach et le film de Cédric Jimenez afin de faire une clé de bras aux stéréotypes sur les banlieues. Une façon de rappeler que cette jeunesse ne demande qu’à s’exprimer ? Oui, tout à fait.
  • Alors que la droite et son extrême reparlent à tout-va de Bac Nord, tentant de faire du film de Cédric Jimenez une sorte de documentaire annonçant l’insurrection des banlieues, des jeunes Marseillais ont décidé de prendre le contrepied de tous ces débats politiques et répressifs. Leur projet ? « Bach Nord », un spectacle où, accompagné par une guitare classique inspirée par les compositions de Jean Sébastien Bach, une troupe de danseurs hip-hop vise à dévoiler une autre image des quartiers de France.

    « J’ai été heurtée par l’image qu’on renvoie des jeunes de cité, comme le mauvais objet de la société », explique la chorégraphe Marina Gomes, dans une interview à France TV. Dans la foulée, la Marseillaise précise que tout est parti d'un tag sur un immeuble de son quartier : « Écoutez Bach, évitez la Bac ». Un message court, percutant, qui lui inspire illico cette référence au film porté à l'écran par Gilles Lellouche et François Civil : « Il nous a heurté parce qu’il justifie qu’une police ne respecte pas la loi, comme si on ne méritait pas mieux ».

    Côté musique, Marina Gomes et ses danseurs, particulièrement des collégiens et lycéens des quartiers nords de Marseille ont pu s'appuyer sur les compétences du compositeur Arsène Magnard, qui revisite ici la Sonate pour violon n°1 BWV 1001 de Bach à l'aide de quelques sonorités rap et d'une guitare - en référence au surnom donné à la Kalachnikov dans les quartiers.

    Le plus beau dans tout ça ? Après une première représentation au Festival de Marseille, haut-lieu de la danse contemporaine, ces vingt gamins seront présents lors du Festival d'Avignon, du 10 au 20 juillet. Une façon, somme toute poétique, de présenter des jeunes trop longtemps écartés du corps de la nation, de la faire exister dans le champ de l'art contemporain. Et, pour paraphraser Kool Shen, de forcer les politiques à « regarder la jeunesse dans les yeux ».

    Crédits photo : Julie Cherk

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