2019 M02 15
True romance. La chanson française, ce grand mot intimidant, ne serait pas la même ces dernières années sans le label Entreprise (Fishbach, Bagarre, Grand Blanc…). Alors, forcément, l’écurie parisienne est devenue une amie fidèle, un repère à suivre au sein d’une industrie musicale où les propositions émergent de toute part.
Parmi leurs dernières signatures, il y a Voyou, le projet de Thibaud Vanhooland qui, contrairement à ce que son pseudo laisse suggérer, n’est pas celui d’un jeune homme de mauvaise vie. À l'écoute de son premier album, « Les bruits de la ville », on se demande même comment un tel « voyou » peut façonner une pop aussi fine, qui a visiblement choisi le romantisme comme première langue.
Garçon pas si sauvage. Plutôt que de se nourrir de petits larcins et de soirées passées à parcourir les rues en quête de beuveries, de baston et d'explosions électriques, Voyou préfère les balades en solitaire, seul sur son tandem, le cœur empli de mélancolie. Il y a bien quelques tentatives de se faire passer pour un garçon sauvage (Les trois loubards), mais les onze morceaux réunis ici racontent avant tout l'histoire d'un jeune homme qui erre dans la ville, perdu, à la recherche d'un amour qui se rêve dans un fantasme inaccessible au rythme de mélodies colorées, délicates, capables de s'inspirer aussi bien de bossa nova que d’effluves synthétiques.
Le bal du Voyou. C'est donc à la pop hexagonale la plus classieuse et la plus orchestrée (on pense parfois à la rencontre longtemps fantasmée entre les mots doux de Laurent Voulzy et la folie de bidouilleurs de sons de Myd, Pegase ou Elephanz, avec qui Voyou a déjà collaboré) que « Les bruits de la ville » emprunte ses codes. Ces mots simples et ces arrangements parfois foufous vont parfaitement à ce manifeste urbain (Lille, Les bruits de la ville, À nos jeunesses). Sincèrement désolé par instant : « Qu'importe où l'on aille, nos vies ne valent pas grand-chose », chante-t-il sur Dehors.