Après avoir cassé Bruxelles, les soirées Fifty Fifty débarquent à Paris

La Belge Laetitia Van Hove proche d’Angèle et Roméo Elvis, propose depuis trois ans à Bruxelles des concerts intimistes et portés sur la découverte. Pour la première fois, elle exporte son concept à Paris et en profite pour raconter les coulisses de ces soirées autrefois fréquentées par Loyle Carner, Clara Luciani ou Lomepal.

C’est une question qu’on a déjà dû te poser cent fois, mais peux-tu nous dire comment sont nées les soirées Fifty Fifty ?

Après quatre années en tant que chef de projet chez EMI, j’ai monté mon agence de relations publiques spécialisées dans la musique. Mais j’avais encore un peu de niaque pour développer autrement les plus jeunes d’entre eux, ceux qui trouvent plus difficilement leur place dans les pages des médias. L’idée était donc de proposer une soirée par mois avec un artiste local et un artiste étranger, et de leur permettre de jouer pendant vingt-cinq minutes chacun. Une sorte d’apéro-concert, finalement. Des concerts intimistes censés motiver les personnes présentes à chopper l’album dans la foulée ou à aller voir à nouveau les artistes sur scène.

Le fait de limiter ces concerts à un certain nombre d’invités, c’est pour renforcer le côté prisé ?

En partie, oui. Mais c’est aussi une façon de ne pas entrer en concurrence avec les salles de concerts. Limite, nous, on aide à la promotion des futurs concerts des artistes, dans le sens où on invite pas mal de professionnels de la musique et où nos soirées sont totalement gratuites, donc potentiellement accessibles à tous.

Aujourd'hui, pourquoi exporter le concept de ces soirées à Paris ?

Parce que je passe souvent par Paris, j’y ai même vécu pendant un temps, et parce que c’est cool de pouvoir investir un nouveau territoire. Là, pour la première soirée, on a réussi à avoir une belle affiche : d'un côté, Chilla, qui a un super flow, une vraie personnalité et qui sort son premier album début juillet ; de l’autre, Morad, un Marocain qui n’est pas encore signé mais qui commence à faire beaucoup parler de lui dans son pays et en Espagne. On reste fidèle à notre ligne directrice, un artiste local et un étranger, tout en continuant de tenter des paris sur l’avenir.

C’est vrai que, historiquement, les soirées Fifty Fifty ont invité tout un tas d’artistes qui ont fini par percer… Du coup, ça t'arrive de te dire que tu as joué un rôle dans leur succès ?

Non, ce serait hyper mégalo de penser comme ça ! Quelle horreur ! Personnellement, je suis simplement heureuse de voir que des artistes comme Loyle Carner, L'Impératrice, Clara Luciani ou Lomepal remplissent désormais de grandes salles. Pareil, lorsque des programmateurs de salles me disent qu'une soirée Fifty Fifty influe généralement sur les ventes du futur concert d'un artiste programmé, j'en suis ravie ! Mais je ne me dis pas pour autant que c'est grâce moi s'ils réussissent ou autre.

Toi qui est basée à Bruxelles, tu sens l’engouement vis-à-vis de la scène belge ?

C’est sûr que l’on s’en rend compte, la situation a complétement changé ces dernières années. Et c’est tant mieux : ça offre une visibilité à toute une nouvelle génération d’artistes. D’ailleurs, comme on sait que j’écume pas mal les bars et les salles de la ville, ça arrive régulièrement que l’on me demande mes derniers coups de cœur. C’est marrant.

Avant de se quitter, il faut quand même rappeler que tu t’occupes d’Angèle depuis ses tout débuts…

Oui, je suis à ses côtés depuis le premier jour. Mais il faut préciser que c’est avant tout une artiste hypermoderne, qui s’est construite elle-même. En tant que spécialiste de la com, j’ai été impressionnée par la façon dont elle a créé son petit monde sur les réseaux, de façon hyper naturelle et sincère en plus. Alors, oui, assister à son éclosion et continuer de l’accompagner aujourd’hui alors qu’elle est devenue méga populaire, c'est une joie immense.