2020 M07 9
Elle va avoir du boulot, Roselyne Bachelot. Dans son nouveau ministère, on ne l'a pas attendue pour faire le point sur l'impact du coronavirus sur l'ensemble des industries culturelles, allant de la musique au jeu vidéo en passant par la presse ou le livre. Ce 6 juillet, une étude commandée au département des études, de la prospective et des statistiques (Deps) vient d'être publiée, et la conclusion est à la fois logique et accablante : c'est bien le secteur du spectacle vivant (concerts, théâtres, cirques et arts de la rue) qui est le plus plombé par la mise en quarantaine du pays. Avec 72% de pertes par rapport à 2019, soit 4,2 milliards de chiffre d'affaires en moins, l'industrie du live a presque un pied dans la tombe. Et rien ne prouve, à l'heure où l'on écrit ces lignes, que les choses puissent s'arranger dans les prochaines semaines. Aucune mesure claire n'a encore été prise pour autoriser officiellement la reprise des concerts en intérieur. Quant aux festivals, ils restent interdits au-delà de 5000 spectacteurs.
Rien que pour la musique live, le rapport indique que ce sont 2,1 milliards qui devraient s'envoler en 2020.
Paradoxalement, l'étude précise que l'industrie de la musique enregistrée tire son épingle du jeu avec "seulement" 241 millions d'euros de CA en 2020 (soit -12% par rapport à 2019). L'une des raisons est la bonne santé du secteur numérique (streaming) pendant le confinement, avec une augmentation de 25 à 30% de l'activité économique sur la période. Une hausse logique puisque les mélomanes étaient coincés chez eux, mais qui s'accompagne d'une énorme chute des revenus publicitaires liés au streaming sur la même période.
Pour la suite, et sous réserve que le pays ne soit pas reconfiné en cas de seconde vague, un retour progressif à la normale est attendu d'ici à décembre. Mais l'étude conclut que "pour la musique, l'impact négatif est décalé par rapport au début du confinement mais que les effets seront durables". Un avis partagé par les professionnels du secteur avec qui Jack a conversé pour parler du "jour d'après".