2020 M02 21
Après la longévité de Keith Richards, c’est l’un des autres grands mystères de la vie : comment votre ado peut-il ou elle passer ses journées à écouter Gradur et Lorenzo alors que votre discothèque contient plein d’albums collector de Neil Young, des Arctic Monkeys et des Queens of The Stone Age ? Pour expliquer l’inexplicable, le professionnel de la billetterie Tickpick a décidé de réaliser un sondage auprès de 1010 personnes (492 ont répondu) en âge d’avoir des enfants, et les résultats sont assez édifiants.
Comme le précise l’étude de Tickpick, citant le musicologue Nolan Gasser, une grande partie de notre éducation musicale est influencée par notre environnement social. Cela commence, visiblement, dès le berceau. Mais c'est aux alentours de 12,5 ans que la vraie culture musicale d’un ado débute après que les goûts du mélomane boutonneux ont été forgés par ses propres amis (66%), les parents (46%) ou les sœurs et frères ainés (33%). Six mois plus tard, à 13 ans donc, le libre arbitre desdits ados se cristallise jusqu’à s’arrêter sur un groupe ou un artiste qui les suivra toute leur vie (bonne chance pour les fans de Jul au moment de rédiger un CV).
Et ce n’est pas tout. Car le sondage est riche en informations utiles pour ces familles où la musique est encore un sujet de tension – voire de tapage nocturne. On y apprend que les parents fans de musique indie sont plus enclins à vouloir influencer leurs propres gamins contrairement aux fans de pop qui feront moins de lobbying intergénérationnel, tandis que 31% désapprouvent complètement la musique que leurs enfants écoutent. À l’inverse, vivre des concerts ensemble permettrait aux enfants de développer des liens plus forts avec leurs parents – on plaint quand même ceux qui subiront le concert de reformation de Téléphone.
Enfin, les parents, ces influenceurs forcenés, sont 30% à assumer le fait d’avoir voulu forcer leurs gosses à écouter tel ou tel genre de musique afin d’éviter qu’ils ne prennent pour modèles des gens peu recommandables. Sans transition, c’est un peu raté. Pour les ados de 2020, les goûts de leurs parents sont dans 40% des cas « complètement dépassés » et le rap devance de loin tous les autres genres musicaux plébiscités par les nouvelles générations. Autrement dit : c’est pas gagné pour que le Nique la Bac de Lorenzo s’arrête de couiner dans les enceintes.