2018 M11 19
La fête n’est pas finie. Des questions existentielles, la crainte du temps qui passe, la gestion difficile du succès, la tentation des femmes, la disparition d'un monde voué à l'échec : tout ça correspond aux trois premières minutes de Fantômes, le premier titre des onze inédits balancés vendredi dernier par Orelsan. C’est dire si cet « Épilogue » à la « Fête est finie » est dense, vif, riche, en confessions, en délires ego-trip (« J’suis l’genre de loser qui ne fait que de gagner »), mais aussi en ressentis intimes et en fulgurances lucides.
Puzzle. La force de cet « Épilogue », c’est bien évidemment de contenir tout un tas de titres forts (Rêves bizarres avec Damso, par exemple) ou de proposer une version alternative des morceaux phares de « La fête est finie » (Tout va bien, avec les Anglais Eugy et Kojo Funds). Mais c’est aussi de confirmer l’immense puzzle que constitue la discographie d’Orelsan : La famille, la famille et Adieu les filles s’entendent comme des suites directes à Défaite de famille et Bonne meuf.
Journal intime. À croire que oui, Orelsan n’est pas un rappeur qui témoigne, mais qui fait de l’auditeur un témoin. De ses conflits intimes, de ses relations familiales, de ses difficultés à se ranger (« J’ai des vieux réflexes de puceau à régler / J’baiserai n’importe quelle meuf par curiosité ») et, parce qu’on parle ici de musique, de sa capacité à rapper aussi bien sur des rythmes hérités de l'UK Garage ou du breakbeat que sur un piano-voix apte à ridiculiser tout un tas de figures de la variété hexagonale.