Que penser de "Saisons", le nouvel album de Pomme ?

L’artiste française, qui fait en même temps ses débuts au cinéma dans « La Venus d’Argent », sort ce vendredi 1er décembre un mini album de 6 chansons intitulé « Saisons » inspiré comme son nom l’indique par les différentes saisons de l’année. Dans ce premier volet, Pomme s'attaque à deux saisons : l'automne et l'hiver.
  • Quand on pense aux quatre saisons, on pense à Vivaldi, éventuellement au nom d’une pizza, mais pas forcément à Pomme. Du moins, pas encore. Mais ça pourrait changer, car la Française vient de sortir un mini album — ou un grand EP comme vous voulez — de six titres baptisé sobrement « Saisons », et pour lequel elle a fait relativement peu de promo. Car ce projet n’est pas véritablement un album studio, mais plutôt un disque « expérimental », comme un cadeau avant Noël, et qui permet à Pomme de laisser libre cours à sa créativité sans se soucier d’avoir deux bons singles radio pour tenir la barre. Le nom des morceaux — comme _sept magie mauve ou _dec carte de noël — renvoie aussi à l’idée d’un album bricolé à la maison sans aucune autre ambition de que partager de la musique pour le plaisir qu’elle peut provoquer.

    D’ailleurs, comme pour « Consolation », l’album sort sur son propre label, Sois Sage Musique, qu’elle a créé en 2018. Pour ce disque, Pomme s’est entourée de deux autres musiciens. Flavien Berger, qui a co-réalisé « Consolation », est présent sur la partie automnale de l’album et Aaron Dessner, membre fondateur du groupe américain The National, a géré la partie hivernale. 

    Durant un peu moins de 18 minutes, Pomme nous berce dans un monde où le temps passe doucement, où les feuilles commencent à tomber et où les couleurs changent. L’artiste nous parle du parfum étrange de la forêt et de champignons sur _sept magie mauve, un morceau qui débute sobrement avec un synthé-voix pour se terminer en chanson orchestrale de chambre où les cordes prennent le dessus.

    Elle enchaîne avec _oct magie mauve, une composition plus mystérieuse et portée par sa voix qui se mêle à l’orchestration, puis avec _nov magie mauve, une pièce quasi instrumentale. Cette partie automnale, de septembre à novembre, est un subtile équilibre entre la musique électronique et le classique et renvoie à des artistes variés allant d’Erik Satie à Bon Iver en passant par Jon Hopkins. 

    La partie hivernale débute sur un piano-voix murmuré à l’oreille, d’une douceur ultime sous forme de câlin sous la couette. On est tellement bien sous cette couette que des crépitements apparaissent : c’est le son du bois qui brûle à petit feu dans une cheminée. Les deux derniers titres reprennent la mélodie hivernale pour l’enrichir, la faire dévier de sa trajectoire ou encore l’agrémenter de flûte. Les cuivres donnent un nouvel air à la mélodie et un dialogue s’installe entre la voix de Pomme et les orchestrations minimalistes et habillement dosées.

    La désolation est envoûtante, comme l’album dans son intégralité, qui place l’artiste française dans une démarche artistique où la beauté et les émotions priment sur l’efficacité. Un opéra moderne, intimiste et d’une élégance candide. Ce n’est pas pour rien qu’elle cite en interview des artistes comme Marie Laforêt, comme Bon Iver, comme Sufjan Stevens ou encore Laurie Anderson : des personnalités qui n’ont jamais fait de compromis sur l’authenticité de leur musique. 

    Pour revoir Pomme chez le disquaire, c'est juste en dessous.

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