Que penser de "Jungle”, le deuxième album de The Blaze ?

Si la France a un incroyable talent, alors celui-ci se trouve peut-être entre les doigts de Jonathan et Guillaume Alric, deux cousins déterminés à prendre soin de l’auditeur. « My love for you is on fire today », chantent-ils : leur deuxième album, « Jungle », est effectivement une belle declaration d’amour. Au dancefloor, à l'électro-pop et à tous ceux qui se fédèrent autour.
  • On l'imagine aisément : ça n'a pas dû être facile de revenir après « Dancehall », de trouver l'équilibre entre la continuité et de nouvelles envies, de savoir ce qui allait être privilégié, les longues plages électroniques propices au lâcher-prise ou les hymnes puissants taillés pour les stades. « Pour cet album, on a réellement imaginé ce que notre musique donnerait en live, détaillent-ils. Le fait de voyager, de ressentir le public, d’observer ses réactions, nous a poussé vers ces esthétiques. »

    Heureusement, The Blaze ne s'est pas transformé en une énorme machine tout juste bonne à produire des tubes emphatiques. CLASH ressemble certes à un morceau de U2 boosté par M83 pour conquérir Hollywood et combler des auditeurs en manque de sensations fortes, mais c’est peut-être là l’unique faute de goût de ce deuxième album. Moins surprenant (forcément), moins mystérieux (les deux Français apparaissent désormais à visage démasqué), mais nettement plus orienté vers le dancefloor - marrant, d'ailleurs, de constater que les cousins Alric semblent envisager leur discographie comme un hommage à différents sous-genres des musiques électroniques : « Dancehall », « Jungle ».

    Dans cette logique, le titre du troisième album du duo est d'ores et déjà trouvé : « Trance ». Ce serait en tout cas l'occasion pour The Blaze de prolonger ce qui est à l'œuvre sur « Jungle » : des rythmiques plus soutenues, des beats qui cognent plus forts et, toujours, cette aisance à flirter avec l'essence de la rave tout en laissant planer dans l'air un souffle mélancolique.

    On tient pour preuves MADLY et SIREN, deux mélodies fatales pour les chevilles, deux tubes qui invitent à la communion, à danser le cœur lourd et la tête pleine d’images. Ça peut être celle d’un amour perdu, d’une adolescence où tout semblait possible, d’un instant suspendu, d’une soirée conclut dans l’euphorie : l’important étant visiblement de s’abandonner totalement dans ces morceaux contrastés, au service de l'émotion, capables de donner un peu d’allure et de caractère à la banalité du quotidien.

    Au fond, c’est peut-être là l’intelligence de The Blaze : proposer des chansons qui se vivent comme de petites épiphanies générationnelles. C’était déjà le cas sur Virile et Territory, ces deux classiques (plus de 120 millions de vues cumulées) que Jonathan et Guillaume Alric vont devoir jouer jusqu’à la fin de leur vie. Ça l’est de nouveau sur DREAMER, LONELY ou EYES : tous ces titres qui placent cette voix profonde, grave, presque nonchalante, au cœur d’un dispositif fait d’atmosphères brumeuses, d’élans pop et de nappes synthétiques censées faire corps avec les perspectives d’une jeunesse attirée par la possibilité de prendre le large.

    À défaut d'être une réelle prise de risque, ou de s'éloigner clairement de la formule gagnante qui avait fait le succès de « Dancehall », The Blaze assume son parti-pris et étend son ambition, sans souci d’économie ni peur du trop. Et pourtant, même quand le beat s'accélère, même quand les arrangements se font plus grandiloquents, même quand les synthés se font plus massifs, ces nouveaux morceaux se révèlent être bien plus que de simples tubes fracassants : ce sont des chansons, belles et délicates.

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