Quand Madonna sortait "Like A Prayer", le plus mystique de tous ses albums

Des rumeurs annoncent l’arrivée prochaine d’un nouvel album, mais c’est bien le passé de Madonna qui ressurgit aujourd’hui. "Like A Prayer", son quatrième album, fête ses 30 ans. Et s'il est l’un des plus réussis, c'est parce qu’il est le plus intime et spirituel de sa discographie.

Plus près de toi… « Like A Prayer », ce n'est pas simplement le quatrième album de Madonna, celui qu'elle enregistre auprès de son fidèle producteur Patrick Leonard et qu'elle écoule à plus de 25 millions d'exemplaires. C'est surtout celui avec lequel elle souhaite tourner le dos aux années 1980. On est alors en 1989, et la pop-star américaine sort tout juste d'une dépression, d'une performance ratée dans une pièce de théâtre tout aussi bancale (Speed The Plow) et d'un divorce. Bref, ça ne va pas fort... Alors, la Madonne fait comme pas mal de gens lorsque le moral est au plus bas : elle se tourne vers Dieu, en quête de réponses.

Cœur fragile. Dans les différentes interviews données à l'époque, Madonna dit avoir voulu faire de « Like A Prayer » un album cathartique. Elle n'est plus cette jeune chanteuse qui agit like a virgin, mais une femme mature, qui traite le studio comme un confessionnal, s'inspire ouvertement du catholicisme et expose son intimité : un titre rend hommage à sa mère décédée (Promise To Try), tandis qu’un autre évoque ses relations avec son père (Oh Father) et que Till Death Do Us Part revient sur son divorce... Forcément, le ton se veut plus mélancolique qu'à l'accoutumée. Alors, l'Américaine s'essaye à de nouveaux registres et enregistre pour la première fois deux ballades, aptes à faire pleurer les durs à cuire.

Marketing ou génie ? On est bien sûr en droit de se dire que Madonna a toujours fait partie de ces artistes qui tentent de se réinventer à chaque album, et qui changent donc régulièrement de look et conceptualisent leur long-format à destination de magazines ravis d'avoir là une histoire à raconter. Il y a de ça, c'est certain.

Mais il y a surtout dans « Like A Prayer » la volonté de se mesurer aux grands de ce monde (Love Song avec Prince, la pochette qui parodie « Sticky Fingers » des Stones, etc.), de se repentir et de choquer les plus puritains. Ceux qui ont vu les clips de Like A Prayer, où elle embrasse un Jésus noir, et Express Yourself, où elle multiplie les poses sexuelles, savent à quel point elle était douée pour titiller la conscience des réacs (racistes, homophobes et sexistes, notamment).

Le problème est que cette attitude ne choque plus désormais et que Madonna ne s'en rend pas vraiment compte : son prochain single, annonçant un nouvel album cet été, pourrait s'appeler Love Hard, et il faut bien reconnaître que l'amour porté à l'Américaine n'est plus aussi fort qu'il y a trente ans.