2018 M11 16
Sous haute fréquence. Si l'on devait trouver un juste milieu entre le hip-hop, la soul et le R'n'B, on se tournerait immanquablement vers Anderson .Paak, repéré par Dr. Dre en 2015 (soit après la sortie de l'EP « Link Up & Suede ») et crédité sur six morceaux de « Compton ». Le prologue posé, entrons illico dans le vif du sujet : "Oxnard", troisième album du rappeur californien. Le genre de disque qui puise autant dans la blaxploitation et le gangsta-rap que dans les orchestrations de cuivres, et qui semble taillé pour rendre plus douces les nuits blanches. Plus sensuelles également, tant le grain de voix d’Anderson .Paak, chaud et nasal, incite aux siestes crapuleuses et au plaisir charnel.
Jeune et ambitieux. De The Chase à Cheers, les douze titres réunis sur « Oxnard » ont grandi en Californie, sous le soleil et au milieu des grands espaces, plutôt qu'à New York, ce qui élimine d'emblée la mélancolie, l'anxiété et la raideur des instrumentations. Surtout, ils se nourrissent des diverses collaborations entamées par Anderson .Paak ces deux dernières années (Black Panthers, Unknown Mortal Orchestra, Mac Miller, etc.). Côté featuring, « Oxnard » ne fait d’ailleurs pas dans la demi-mesure : Kadhja Bonet, Kendrick Lamar, Madlib, Snoop Dogg, Pusha T ou encore Dr. Dre, tous ont répondu présent et se fondent à merveille dans l'univers façonné par un artiste qui, bien qu’entouré par un casting luxueux et animé par une ambition folle, esquive le piège de la démesure.
Straight outta Oxnard. Anderson .Paak voit pourtant très haut. À Entertainment Weekly, il dit vouloir « changer la pop music ». En clair, le mec se sait écouté aussi bien par un public très large que par des pop stars (Bruno Mars, Beyoncé), et ose donc tout se permettre. La tendance est à l'Auto-Tune ? « Alors je me dois d'être unique », clame-t-il fièrement, toujours à Entertainment Weekly. Dans d'autres interviews, il dit avoir rêvé d'« Oxnard » (du nom de son lieu de naissance) depuis l'adolescence, à une époque où il écoutait « The Blueprint » de Jay-Z, « The Documentary » de The Game et « The College Dropout » de Kanye West. Sûr que, à l’instar de ces albums cultes, on trouvera bien quelques kids pour se souvenir d’ « Oxnard » dans dix ou vingt ans.