2019 M03 20
Islande. Blur est un groupe dont on retiendra plus ses singles que ses albums - c'est évidemment un avis subjectif. Mais sur « 13 », on ressent l’envie du groupe d’aller de l’avant, d’enlever l’étiquette Britpop qui lui colle aux baskets et de montrer de quoi il est capable. Un virage déjà amorcé avec « Blur » en 1997 mais qui prend tout son sens sur ce disque, enregistré entre l’hyperactif Londres et le paisible Reykjavik en Islande, lieu que Damon Albarn apprécie énormément.
Assumer ses choix. Pour ceux qui pensent que Blur se perd, le groupe répond avec Coffee And TV, Tender ou encore No Distance Left To Run, trois perles sans artifice qui classent les Anglais dans la catégorie des musiciens hors pairs.
À ceux qui trouvent que l’album est trop expérimental (et il l’est), Blur l’assume. « C’est juste la façon qu’on a choisi de le faire », rétorquait Damon en 1999, alors que Graham Coxon lançait : « La personne qui a posé cette question n’est pas un putain de guitariste, ça c’est sûr. » Swamp Song, B.L.U.R.E.M.I, Trailerpark ou encore Caramel interpellent et déroutent. Mais ce n’est pas pour rien qu’ils ont pris cette direction.
Mutation. Pour l’album « 13 », ce n’est plus le faiseur de tubes des débuts Stephen Street aux manettes, mais William Orbit, dont le boulot sera de laisser libre court aux envies du groupe sans (trop) les restreindre. Graham Coxon a décidé de ne plus faire sonner ses guitares comme des guitares, My Bloody Valentine, les Stooges et le rock allemand ont remplacé les disques de chevet comme les Kinks et, fatalement, les chansons ne sont que des ballades pop calibrées pour la radio. Mais le disque que les Anglais enregistrent est cependant bien plus cohérent que les anciens.
Tuer la Britpop. Le disque offre aussi des beaux moments inattendus, comme sur Trimm Trabb et Mellow Song. Au final, l'album reflète simplement l’état d’esprit du groupe et de ses membres. Damon Alban était au plus bas et déprimé, Graham Coxon voulait imposer ses idées et se mettre plus en avant et Blur avait en tête, comme l’avait titré The Telegraph en 1999, de tuer la Britpop. Avec le joyeux bordel qu’est « 13 », c’est mission réussie. Une chose est sûre : Oasis n’aurait jamais fait ce genre de disque.