À 63 ans et presque aveugle, Robert Finley devient une star du blues

  • Aux grandes peines, les heureuses circonstances. Robert Finley sort un premier album après que la fondation Music Maker l’a déniché sur un trottoir de l’Arkansas.

    Pour Robert Finley, tout débute par une poisse énorme. Rendu quasi aveugle par un glaucome (il ne lui reste que 40% de vision sur un œil), il doit abandonner son métier de charpentier. « Mais plutôt que de m’apitoyer sur mon sort, j’ai décidé de me dédier complètement à la musique », confie-t-il. Et si son âge avancé aurait pu avoir, comme pour des millions d’Américains, raison de lui, Robert préfère mettre à profit 50 ans de pratique de la musique, de l’église aux petits clubs locaux.

    Make America’s music great again. C’est là que le hasard, ou la bonne étoile, entre en action. Alors qu’il joue dans la rue à Helena, Arkansas, il se fait remarquer par Tim Duffy, le patron de Music Maker Relief Foundation, un label caritatif spécialisé dans le repérage de talents oubliés de la soul et du blues, souvent laissés pour compte. Contre la pauvreté et le temps, elle offre une seconde vie à ses artistes. Un an après ce tournant, Robert Finley vit le rêve avec la sortie de son disque « Age don’t mean a thing » : « Et ils ont même un plan de retraite pour nous, les musiciens ! », rajoute Robert.

    « L’âge ne veut rien dire.«  Le titre est limpide. Les neufs morceaux qui composent ce disque naviguent entre les musiques populaires des États de la « Black Belt », le blues (que son père lui avait interdit d’écouter), la soul et le rhythm and blues. « Mon père pensait que chanter le blues, c’était risquer de perdre son âme. Je crois que cela dépend de ce qu’on dit. » À 63 ans, Robert ne se raconte plus d’histoires, il les vit, trop heureux pour y croire encore complètement. Et s’assure qu’il ne vit pas un rêve, après chaque concert, en attendant son public à la sortie.