2019 M06 27
Xtrem boy. Le premier album de Makala était attendu comme un événement par les puristes, par ses contemporains et par les amateurs de Slimka, Di-Meh, avec qui il forme la SuperWak Clique, ou de toute autre figure du rap suisse, d’où il est originaire. C’est pourtant avec un disque de 21 titres étalés sur 1h10 et nommé « Radio Suicide » qu’il fait officiellement son entrée dans le rap jeu. Autant dire que le Genevois propose ici tout sauf une démarche « bankable », pour reprendre le titre du troisième morceau de l’album, même si l’ensemble trahit d’évidentes connexions avec ce savoir-faire mélodique autrefois défendu par The Neptunes.
Hors du temps. Sur bien des points, « Radio Suicide » communique avec les productions mises en son dans les années 2000 par Chad Hugo et Pharrell, sans pour autant en constituer un ersatz. Car c’est bien l’une des forces de ce premier album : produire dans le même temps quelques repères (ce qui favorise une assimilation immédiate) et un éclat de surprise provoqué par toutes ces mélodies imprévisibles, orchestrées comme un long film déluré de Varnish La Piscine (on ne sait pas pourquoi, mais on adore ce pseudo !), qui contiennent mille idées en une et doivent autant à la funk et à la soul des seventies qu’aux B.O. de film porno des années 1980.
Instable. Sur le fond, Makala ne révolutionne toutefois rien : ça parle majoritairement de cul, pas mal de drogues, et un peu de substances récréatives consommées dans l’optique d’arriver au sexe. Du déjà-vu, certes, mais traité ici sous un angle nouveau, et toujours selon une interprétation captivante, constamment changeante. Tout au long de « Radio Suicide », Makala quitte sa zone de confort, délaisse son flow rappé pour se faire tour à tour crooner, nerveux, suave ou brut. Et donne ainsi naissance à « autant de classiques que de meufs de dos sur Insta ».